J’ai presque peur, en vérité

Paul Verlaine

J’ai presque peur, en vérité,
Tant je sens ma vie enlacée
A la radieuse pensée
Qui m’a pris l’âme l’autre été,

Tant votre image, à jamais chère,
Habite en ce coeur tout à vous,
Mon coeur uniquement jaloux
De vous aimer et de vous plaire ;

Et je tremble, pardonnez-moi
D’aussi franchement vous le dire,
A penser qu’un mot, un sourire
De vous est désormais ma loi,

Et qu’il vous suffirait d’un geste.
D’une parole ou d’un clin d’oeil,
Pour mettre tout mon être en deuil
De son illusion céleste.

Mais plutôt je ne veux vous voir,
L’avenir dût-il m’être sombre
Et fécond en peines sans nombre,
Qu’à travers un immense espoir,
Plongé dans ce bonheur suprême
De me dire encore et toujours,
En dépit des mornes retours,
Que je vous aime, que je t’aime !

Paul Verlaine, La bonne chanson, 1870

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8 commentaires sur “J’ai presque peur, en vérité”

  1. Mbualala

    dit :

    J’ai vraiment aimé ce poème.

  2. Alhashimi Faris

    dit :

    Pouvez-vous m’aider à trouver diérèse et synérèse dans les deux premiers vers? Merci d’avance.

  3. Creon

    dit :

    Marronnier de la vie.

  4. Iman omar

    dit :

    Magnifique

  5. Bernier

    dit :

    J’ai mis ce poème en musique

  6. Jean

    dit :

    Pour moi, c’est du vécu !

  7. rachi

    dit :

    Verlaine et des souvenirs d’écolier puis la belle poésie.

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