La nuit

Anna de Noailles

Nuit sainte, les amants ne vous ont pas connue
Autant que les époux. C’est le mystique espoir
De ceux qui tristement s’aiment de l’aube au soir,
D’être ensemble enlacés sous votre sombre nue.

Comme un plus ténébreux et profond sacrement,
Ils convoitent cette heure interdite et secrète
Où l’animale ardeur s’avive et puis s’arrête
Dans un universel et long apaisement.

C’est le vœu le plus pur de ces pauvres complices
Dont la tendre unité ne doit pas s’avouer,
De surprendre parfois votre austère justice,
Et d’endormir parmi votre ombre protectrice
Leur amour somptueux, humble et désapprouvé…

Anna de Noailles, Les Forces éternelles, 1920

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3 commentaires sur “La nuit”

  1. de Ramecourt

    dit :

    Cette femme chante l’amour comme rarement j’ai lu !

  2. croix d’Agadez

    dit :

    Un poème envoûtant et sublime…

  3. kiko poéte

    dit :

    J’adore ce poème !

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