Le temps perdu

Sully Prudhomme
Régis Gonzalez, La flemme, 2019
Régis Gonzalez, La flemme, 2019. Gravure édition limitée en vente dans notre Galerie d’Art

Si peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

« Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
« Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
« Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
« Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. »

Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.

René-François Sully Prudhomme, Les vaines tendresses

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3 commentaires sur “Le temps perdu”

  1. Ginette Jammes

    dit :

    La 2ème strophe de ce poème est pour moi un souvenir de mon adolescence (il y a plus de 60 ans). Il était rappelé souvent par la mère d’une amie chez qui j’allais souvent. Que du bonheur et je me le récite très souvent. Le poème en entier une merveille de vérité.

  2. Marcelle

    dit :

    Ce poème m’a été offert par une très vieille dame un soir, après mon travail auprès d’elle. Ainsi, tranquillement, alors que je la saluais en lui disant « à demain », elle me le récita! Du bonheur pur.

  3. un amateur

    dit :

    magnifique

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