Les cailloux

Gaston Couté

Lorsque nous passions sur le bord du fleuve
Au temps où l’Amour murmurait pour nous
Sa chanson si frêle encore et si neuve,
Et si douce alors en les soirs si doux
Sans songer à rien, trouvant ça très drôle,
De la berge en fleurs où mourait le flot,
Comme des gamins au sortir d’école,
Nous jetions tous deux des cailloux dans l’eau.

Mais j’ai vite appris le couplet qui pleure
Dans la chanson douce en les soirs si doux
Et connu le trouble angoissant de l’heure
Quand tu ne vins plus à mes rendez-vous ;
En vain vers ton cœur monta ma prière
Que lui murmurait mon cœur en sanglots
Car ton cœur était dur comme une pierre
Comme les cailloux qu’on jetait à l’eau.

Je suis revenu sur le bord du fleuve,
Et la berge en fleurs qui nous vit tous deux
Me voit seul, meurtri, plié sous l’épreuve,
Gravir son chemin de croix douloureux.
Et, me souvenant des clairs soirs de joie
Où nos cailloux blancs roulaient dans le flot,
Je songe que c’est ton cœur que je noie
A chaque caillou que je jette à l’eau.

Gaston Couté

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2 commentaires sur “Les cailloux”

  1. Christine Thorin

    dit :

    Gaston Couté un auteur méconnu. Tous ses textes nous parlent encore aujourd’hui.

  2. PHILIPPE BLANCHET

    dit :

    Magnifique

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