Les corbeaux

Arthur Rimbaud

Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angelus se sont tus…
Sur la nature défleurie
Faites s’abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !

Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d’avant-hier,
Tournoyez, n’est-ce pas, l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !

Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu’au fond du bois enchaîne,
Dans l’herbe d’où l’on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.

Arthur Rimbaud, Poésies

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4 commentaires sur “Les corbeaux”

  1. lulu

    dit :

    C’est un beau poéme que j’utilise pour mon exposé.

  2. valdu27

    dit :

    Ce poème est très beau comme la plupart des poèmes d’Arthur Rimbaud

  3. ggeremy

    dit :

    Le poème date de 1871 pour ceux qui se demandent.

  4. SnOow

    dit :

    :O Super ! :’

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