Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

Arthur Rimbaud

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! –
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai

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33 commentaires sur “Au Cabaret Vert, cinq heures du soir”

  1. Gérard Deuxpartdegateaux

    dit :

    Ouai j’ai bien aimé, mais comme le dit un grand homme « on peut sortir singe de la forêt mais on peut pas sortir forêt de la singe ».

  2. Dupont

    dit :

    C’est très beau, j’ai lâché ma larme… Bravo et merci de produire des chefs d’oeuvre pareil !

  3. zignani

    dit :

    Magnifique

  4. 1 pagnen

    dit :

    Franchement, en trois mots, ouai pas mal!

  5. Sara

    dit :

    Pour ceux qui pensent qu’il mange deux fois du jambon, le premier « à moitié froid » et le second « tiède », sachez que les deux termes désignent le même état du jambon ! Quand un aliment est tiède, il est à moitié chaud et à moitié froid !

  6. Mehmet bilgin

    dit :

    Je trouve que ce poème est triste…

  7. Metoyer

    dit :

    Lisez, relisez, relisez encore, apprenez par cœur, récitez puis taisez-vous, tout commentaire est superflu voire superfétatoire.

  8. Athanase MOUSSOUNGOU

    dit :

    Le premier quatrain de ce poème témoigne de la simplicité de la vie de Rimbaud et sa quasi indigence :

    « Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
    Aux cailloux des chemins ».

    Quant à la rime, elle est magique. De toute évidence, Rimbaud fut un être supérieur de la trempe du surhomme nietzschéen.

  9. Jean

    dit :

    Rectifions le commentaire de « Dudule l’Ardennais »…fût est écrit par Rimbaud avec un accent circonflexe et c’est la bonne écriture… Désolé Dudule !

    Voici un bon moyen pour savoir écrire « fut ou fût »
    Il faut écrire fut, sans accent quand on peut dire au pluriel : « furent » et ce n’est pas le cas ici.

    Il faut écrire fût avec accent si au pluriel on peut dire « fussent » et c’est qui bien le cas ici : « des jambons qui fussent à moitié froids »
    Et voilà mon cher Dudule…!

  10. Nana

    dit :

    J’ai beaucoup admiré le poème de notre cher Rimbaud et je pense qu’il fait partie de mon top 3 des poèmes que j’ai le plus apprécié avec « L’étoile a pleuré » et « Aimons toujours ! Aimons encore… ». Je trouve que Rimbaud arrive à décrire ce que nous pouvons voir chaque jour sans y faire attention. On peut dire qu’il savoure l’instant présent.

  11. Dudule l’Ardennais

    dit :

    C’est moi, ou bien il y a une faute avec « fût » qui ne devrait pas avoir d’accent circonflexe ? Et que dire de ce « j’entrais » à l’imparfait alors que le temps attendu aurait dû être le passé simple…

    Problème de transcription ?

  12. ali

    dit :

    Ah… Merci Thierry Steinier pour ces infos pas très réjouissantes, cependant vous le savez bien : d’autres ont survécu largement à l’atroce… CharleTown ! Bien amicalement à vous

  13. Thierry STEINIER

    dit :

    Je suis natif de Charleroi. Pour votre info, le « Cabaret-Vert », devenu la « Maison Verte », a survécu jusqu’il y a 4 ou 5 ans, à la rue Léoplod, rebaptisée récemment « rue de Charleville » en hommage à la ville natale de notre cher Arthur.

    Mais hélas, tout ce (vieux) pâté de maisons a été rasé pour faire place à un Xième centre commercial, pompeusement appelé « Rive Gauche » (oui, situé sur la rive gauche de la Sambre toute proche)
    Il ne subsiste même pas une plaque commémorative (alors que, 150 mètres plus loin, une plaque indique l’endroit où l’aide de camp de Napoléon passa sa dernière nuit avant de mourir, le lendemain, à Waterloo…(morne plaine, comme tout le monde le sait…).

  14. Gérard Gailliard

    dit :

    Que de fautes d’orthographe dans tous ces commentaires de gens pourtant a priori lettrés ! Le meilleur : pervert… contraction de Prévert et du cabaret vert ? Rimbaud pervers ? Mon Dieu ! Pardonnez-lui, elle ne sait pas ce qu’elle dit !

  15. René VANDROMME

    dit :

    René, c’est là, un poème que j’aime énormément. Je l’avais perdu de vue, mais heureusement je le retrouve ce soir à 22h34 et j’aurai grand plaisir à le réciter à mes amis Belges demain midi.

  16. Martine

    dit :

    Ouais, dans ses premiers poèmes, comme celui-ci, on comprends encore facilement tant sensoriellement que mentalement ce que Rimbaud cherche à nous faire partager de son expérience ou de son observation (comme dans l’histoire du vagabond de « La Bohème » ou dans le « Trou de verdure » où les deux trous rouges c’est l’impact des balles qui fait qu’on s’aperçoit en observant mieux que le soldat ne dort pas ; il est mort! Maurice)… dans les poèmes plus tardifs, par contre, comme « Le Bateau ivre » … accroche-toi! 😉

  17. Max

    dit :

    Génial

  18. Claude

    dit :

    One of my all-time favorite French poems. So immediate. And vivid. Atmospheric.

  19. Amandine Migneret-Rabot

    dit :

    Je l’ai eu à l’oral du capes de lettres. Très beau texte, merci Rimbaud !

  20. paul

    dit :

    C’est joli! Je l’ai eu au bac en 1982 – oral 🙂 Bon souvenir!

  21. ernst blues

    dit :

    Ceausu maurice Pour répondre a ta question par rapport au fait que tu penses qu’il mange deux fois du jambon, je te répondrai seulement qu’il commence par demander ce jambon dans la première strophe et quelle lui apporte dans la troisième. Tout simplement 🙂

  22. Jean-Pierre GIOVANNI

    dit :

    Il joue avec les couleurs (le cabaret vert, la table verte, le jambon rose et blanc, le plat colorié, l’or du soleil) et les parfums (le parfum d’une gousse d’ail) On dirait une oeuvre de peinture impressionniste : sujets très naïfs de la tapisserie, mousse « dorée » par un dernier rayon du soleil. Fugacité omniprésente. Quelle art !

  23. ceausu maurice

    dit :

    J’ai lu un tas de choses sur ce poème mais rien qui me fasse comprendre POURQUOI l’on passe 1- des tartines de beurre et du jambon qui fût à moitié froid à 2- des tartines de beurre et du jambon tiède dans un plat colorié… Et j’en conclus que l’étape 1 est bien réelle, et que l’étape 2 est imaginative, contemplative et digestive après qu’il « eût allongé ses jambes et contemplé la tapisserie ». Il pénètre dans la tapisserie et refait le décors par la vagabonderie rêveuse. Toute la force de la poésie qui rebâtit l’univers… Sinon le gamin il a mangé 2 fois du jambon ! Mangeaille, boisson et érotisme éclairés par un « rayon de soleil ». Aussi fort que « c’est un trou de verdure… il a 2 trous rouges au côté droit » ! Moi c’est ma version qu’en pensez-vous ? Merci de votre aide.

  24. Jade

    dit :

    C’est quand qu’il a était crée ce poème s’il vout plait.

  25. Jean Masini

    dit :

    Malgré la simplicité du langage épuré, la progression de la sensation, que suscite une énumération superbement agencée,vers un final qui débouche sans qu’on puisse expliquer pourquoi, sur une situation dont le provisoire inquiète sourdement. Du très, très grand art.

  26. Luc Gosselin

    dit :

    La grande beauté alliée à la simplicité de ces vers nous rapprochent de ceux de Rêvé pour l’hiver (« L’hiver nous irons dans de petits wagons roses… ») et de Ma bohème (« Je m’en allais dans mes poches crevées… ») du même Rimbaud. Ah cher Arthur, quel génie tu fus de nous rappeler l’immense bonheur du temps qu’il nous est donné de vivre en ce monde « qui est parfois si joli » ( Prévert) .

  27. Muradieu Joseph

    dit :

    La poésie, ce n’est pas pour pour les juges, ni les puceaux. C’est l’expression de la liberté

  28. Yuyu

    dit :

    N’y a t il que moi qui voit une magnifique métaphore sexuelle à la dernière strophe ? Venant de notre subtil Rimbaud, elle ne me surprends guerre.

  29. leon

    dit :

    J’aime ce poème !

  30. leon

    dit :

    bon poème, je l’aime bien

  31. Juliette

    dit :

    La simplicité est toujours reine. N’y a t il pas une belle leçon de chose a tiré de ce poème ? Il me semble que si, à l’image du Pain de Francis PONGE, RIMBAUD sort de sa banalité une simple halte dans une auberge pour laisser savourer au lecteur tout le plaisir qui réside dans le fait de se reposer. En cela est le talent, faire de rien un tout.

  32. lou-anne

    dit :

    ça m’aide pas vraiment !!!! 🙁

  33. tom

    dit :

    un peu pervert quand meme

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